IV°) Données cliniques de troubles 

du système olfactif

Parfois le trouble de l’odorat est au premier rang des plaintes chez le patient ou même représente le seul symptôme . Et il ne doit pas être négligé car il peut représenter une vraie frustration, une vraie sensation de perte de qualité de vie.


- l'anosmie est la perte totale de l’odorat 


L’odorat étant directement lié à la sensation du goût, le perdre engendre alors aussi la perte du plaisir de manger. Cette maladie s’appelle l’anosmie, elle est très rare. Celle-ci dégrade également notre capacité à percevoir certains dangers : on n’est plus en mesure, par exemple, de sentir une odeur de brûlé ou celle d’un aliment avarié. Ainsi, l’anosmie prive celui qui en est atteint d’informations importantes sur le monde environnant. Il a été constaté chez certains patients, que cette maladie était très mal vécue, pouvant même mener à une dépression : la perte de son "nez" peut entraîner la perte du goût de vivre... Moins "grave" mais à noter quand même : fumer altère sérieusement notre odorat !


- l’hyposmie est la diminution des sensations olfactives

L'anosmie est la perte totale de l'odorat. Quelquefois, l'anosmie ne touche que certaines odeurs et est confondue avec une perturbation du goût (dysgueusie). L'hyposmie est la perte partielle de l'odorat. En cas d'atteinte unilatérale (une seule fosse nasale), on parle d'hémianosmie.


- la cacosmie est la perception d'une impression olfactive désagréable

( parfois objective lorsqu'il y a par exemple une infection du nez ou des sinus, parfois seulement subjective, c’est à dire une distorsion de la sensation normale, ou parosmie ).


- enfin lorsqu'il y a sans cause réelle perception olfactive précise, on parle d'une hallucination olfactive.

Les troubles de la fonction olfactive ont été examinés chez des patients atteints de diverses pathologies neurologiques. Les pathologies qui ont donné lieu au plus grand nombre de travaux sont les maladies d'Alzheimer, de Parkinson, et celle dont les patients sont atteints d'épilepsie (avant ou après traitement chirurgical), et de schizophrénie.

-Epilepsie sans traitement chirurgical

La fonction olfactive de patients épileptiques n'ayant pas subi de traitement chirurgical est un sujet qui reste encore peu exploité et qui traite seulement de l'épilepsie partielle d'origine temporale. Globalement, les résultats montrent que les troubles liés à l'épilepsie temporale ne modifient pas le seuil de détection, mais perturbent le traitement des informations olfactives à un plus haut niveau de traitement (discrimination qualitative, mémoire de reconnaissance, identification). Pour certains chercheurs, les perturbations olfactives observées ne sont pas directement dues à un déficit olfactif, mais plutôt à un déficit cognitif plus général lié, par exemple, à l'attention ou à la mémoire.

-Epilepsie avec traitement chirurgical

Les résections du lobe temporal ou frontal impliquent souvent l'ablation d'aires anatomiques étroitement associées avec le système olfactif propre (uncus, amygdale, hippocampe, cortex orbitofrontal). Elles ne semblent pas entraîner une diminution du seuil de détection olfactive, mais entraînent cependant des déficits certains dans les tâches comportementales mettant en jeu des processus cognitifs plus intégrés (discrimination qualitative, mémoire de reconnaissance, identification). Les résections des lobes pariétaux ou occipitaux n'altèrent pas par contre le traitement de l'information olfactive. Il est donc possible de conclure, d'une part que ces déficits ne sont pas dus à un déficit périphérique puisque les patients opérés présentent un seuil de détection normal, et d'autre part, que les lobes temporaux et frontaux constituent des structures clés dans le traitement de l'information olfactive.

-Maladies d'Alzheimer et de Parkinson

La présence d'un déficit des fonctions olfactives au cours de la maladie de Parkinson (MP) et de la maladie d'Alzheimer (MA) est une donnée bien établie. L'atteinte olfactive représente même un marqueur précoce de ces deux maladies neuro-dégénératives dans la mesure où des déficits sont observés dès les premiers stades de la maladie. A un stade plus évolué de la maladie, la spécificité du déficit olfactif n'est pas nette. L'exploration des fonctions olfactives à l'aide des tests de sensibilité et d'identification montre la présence d'un dysfonctionnement semblable dans les deux pathologies. Ceci suggère que le déficit olfactif relève de l'atteinte du même processus, que la pathologie implique une démence corticale (MA) et ou une démence sous-corticale (MP). L'absence de différence entre MA et MP pourrait être la conséquence d'une atteinte précoce des structures anatomiques impliquées dans les processus de traitement de l'information olfactive, qui rendrait impossible, à un stade plus évolué de la maladie, de différencier l'atteinte olfactive de ces deux maladies. L'absence de différence pourrait également être liée à une atteinte identique des structures olfactives. Des déficits en choline acéthyltransférase et en dopamine sont décrits dans les tubercules olfactifs des deux types de patients. Des modifications anatomiques des structures mésolimbiques telles que le noyau accumbens et les tubercules olfactifs sont également observés.

-Schizophrénie

Les patients souffrant de schizophrénie présentent des déficits de la fonction olfactive. Ces troubles sont essentiellement mis en évidence par l'évaluation de la capacité des patients à identifier des odeurs. Ils se manifestent tôt au cours de l'évolution de la pathologie et le degré de la perturbation est fortement corrélé avec la durée la maladie. L'utilisation à long-terme de neuroleptiques et les déficits cognitifs plus généraux observés chez ces patients ne semblent pas être impliqués directement dans le dérèglement olfactif. En effet, les données montrent que les déficits olfactifs liés à la schizophrénie sont dus au dysfonctionnement des aires du système limbique tels que le cortex préfrontal, le lobe temporal ventromédian et le diencéphale.